Fondation
Émile-Nelligan

Éloge du lauréat du prix Ozias-Leduc 2021

François Morelli

par Stéphane Aquin
Directeur général du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM)
et président du jury

J’ai l’honneur et le plaisir, en tant que président du jury du Prix Ozias-Leduc 2021, de vous annoncer le résultat des délibérations du jury et de vous présenter le lauréat de l’édition 2021 de ce prix très prestigieux. Au nom des membres du jury, je tiens d’abord à souligner l’importance de ce prix, et à remercier la Fondation Nelligan, ainsi que son président Monsieur Michel Dallaire, et sa directrice, Manon Gagnon, pour leur dévouement aux artistes et milieu artistique québécois. Le prix Ozias-Leduc est décerné sur une base triennale depuis 1992 afin de souligner l’ensemble de la carrière d’un artiste et son engagement dans une pratique soutenue des arts visuels. Aucune mise en candidature n’en dirige la remise. Il est décerné par consensus intellectuel du jury autour de la valeur propre de l’œuvre d’un ou d’une artiste, et de ce que le jury croit être la pertinence de cette œuvre pour notre époque. C’est dire l’étendue des possibles!

Cette année, le Prix Ozias-Leduc est remis à François Morelli. À l’époque qui est la nôtre, dans un monde caractérisé par l’incertitude et la complexité, le travail de Morelli semble tracer une voie lumineuse par sa multidisciplinarité – performances, dessins, sculptures, marches, action communautaire, enseignement – et sa nature heuristique. L’art est un jeu de possibles, une exploration sans cesse renouvelée des rapports entre la forme et le sens, entre l’acte et le réel où celui-ci s’inscrit.

Né à Montréal, Morelli obtient un baccalauréat en arts plastiques de l’Université Concordia, avant de compléter une maîtrise en beaux-arts de la Mason Gross School of the Arts de l’Université Rutgers, au New Jersey. Entre 1981 et 1991, Morelli vit et enseigne à New York. Il réalise alors de nombreux projets d’installation graphique et sculpturale, ainsi que des actions migratoires qui le mènent à parcourir l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Afrique du Nord. Il revient ensuite à Montréal où il allie sa carrière artistique à sa vocation professorale à la Faculty of Fine Arts de Concordia, où il enseignera jusqu’en 2018. Il a également participé à la création du centre Articule en 1979-1980.

La pratique multidisciplinaire de Morelli s’exprime à travers le dessin, l’installation, la performance, l’estampe et la sculpture et met en jeu le statut même de l’œuvre d’art, son processus de création et sa réception. Créer, c’est interroger l’acte de création en soi. Et par cette interrogation, c’est donner un sens à la réalité qui nous entoure. Les notions de passage, de circulation, de transformation, d’interaction entre les corps et la mémoire dans l’espace sont toutes essentielles dans l’œuvre de l’artiste.

Depuis 1976, le travail de François Morelli a été présenté dans plusieurs institutions et événements au Canada, aux États-Unis et en Europe. Il a exposé notamment au Musée du Québec (maintenant le MNBAQ) (1979), au Musée d’art de Joliette (1980), au Musée régional de Rimouski (1988), au Centro Culturale Canadese (Italie, 1989), à la Horodner Romley Gallery (New York, 1994 et 1995), à La Vitrine (France, 2004), à la Galerie Joyce Yahouda (2006 et 2008), au Centre d’art contemporain d’Atlanta et à la Galerie d’art d’Hamilton (2007). À l’automne 2017, le 1700 La Poste lui consacre une exposition individuelle. Il a également participé à la Biennale de Montréal (2002), à la Biennale du Havre (France, 2006) et à la Triennale Québécoise (2011).

Le prix qui lui est décerné ce soir s’ajoutera aux nombreux prix qu’il a reçus, dont le Prix d’excellence à la Biennale de dessin, de l’estampe et du papier du Québec en 1993 et le prix Louis-Comtois, en 2007.

Mais la carrière de Morelli n’est pas qu’une liste d’expositions et de prix, et son œuvre, des objets et des actes. C’est aussi un enseignement, et le jury a été particulièrement sensible à cette dimension de l’œuvre de Morelli. Pour mémoire, Morelli enseigne à l’Université du Québec à Chicoutimi en 1981, il donne ensuite des cours à l’Université Rutgers de 1983 à 1990, à la City University of New York et à la State University of New York à Manhattan entre 1985 et 1990. Entre 1991 et 1996, il enseigne à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Enfin, en 1996, il devient professeur à l’Université Concordia, où il dirige le DLD (Drawing Lab Dessin) avec Eric Simon dès 2012.

Ce sont des générations d’artistes qui, par son enseignement et au contact de son exemple comme artiste, ont trouvé l’inspiration nécessaire pour eux et elles aussi reprendre le flambeau de la création artistique.

Aujourd’hui, donc, nous saluons en François Morelli l’auteur d’une œuvre ouverte, sensible au monde dans toute sa complexité, et exemplaire.

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