Fondation
Émile-Nelligan

Éloge du lauréat du prix Serge-Garant 2019

José Evangelista

Texte de Marie-Hélène Breault
présidente du jury

Avant de faire l’éloge de notre lauréat, je souhaite remercier le compositeur Michel Gonneville, secrétaire-trésorier du conseil d’administration de la Fondation Émile-Nelligan, de m’avoir invitée à présider le jury de cette dixième édition du Prix Serge-Garant. Je tiens à souligner la justesse de ses choix quant à la composition du jury. Michel a en effet réuni des juges présentant des parcours variés et des expériences complémentaires, œuvrant dans tous les secteurs du milieu musical québécois, de la composition à l’interprétation, en passant par la recherche, l’enseignement et la gestion d’organismes musicaux voués aux musiques de création. Il s’agit d’Ana Sokolović, compositrice lauréate du Prix Serge-Garant en 2015 et professeure à l’Université de Montréal, Danick Trottier, musicologue et professeur à l’UQAM, Alain Trudel, chef d’orchestre, tromboniste et compositeur et Pierrette Gingras, qui occupait jusqu’à tout récemment le poste de direction générale du Groupe Le Vivier. Enfin, c’est avec mon bagage de flûtiste spécialisée en musique contemporaine et mon expérience comme directrice artistique indépendante, compositrice et pédagogue que j’ai présidé ce jury.

Discuter de création musicale avec les membres du jury fut une expérience des plus enrichissantes! Chacun partageant ses affinités et ses préférences, chacun mettant de l’avant ses coups de cœur, c’est une vingtaine de compositeurs et de compositrices de générations différentes, d’esthétiques contrastantes, de traditions et de pratiques variées qui ont été suggérés comme éventuels récipiendaires du Prix Serge-Garant au cours des délibérations. Nous avons privilégié une panoplie de critères purement musicaux, notamment l’ampleur et la portée de l’œuvre, l’originalité du langage et la qualité de l’écriture. Ces critères furent tous pris en considération lorsqu’est venu le temps de déterminer quel créateur ou quelle créatrice méritait le plus d’être récompensé pour « l’ensemble de son œuvre » et ils ont accompagné nos réflexions et guidé nos discussions tout au long de la journée. Je tiens à préciser que nous avons pris en considération uniquement l’ensemble de l’œuvre musicale, bien que de nombreuses autres réalisations jalonnent le parcours de notre lauréat.

Nous avons donc décidé d’attribuer le Prix Serge-Garant 2019 à José Evangelista, et ce, à l’unanimité. Nous tenons d’abord à le récompenser pour son immense apport au domaine de la composition musicale et pour l’ampleur de son œuvre, qu’il a approfondie sur plusieurs décennies. D’une grande richesse, son catalogue présente un nombre impressionnant d’œuvres pour diverses formations, qui ont bénéficié d’un important rayonnement sur les scènes locale, nationale et internationale, plus particulièrement en Europe.

Nous souhaitons également souligner l’originalité de son approche compositionnelle, la solidité de son langage, de même que la très grande qualité de son écriture, qui place la mélodie au cœur de la création. Ces caractéristiques transparaissent immédiatement lorsque l’on écoute ses œuvres, lorsque que l’on consulte ses partitions, ou encore, lorsque que l’on joue sa musique, comme j’ai eu la chance de le faire à quelques reprises, comme flûtiste au sein de l’ensemble de la Société de musique contemporaine du Québec, qui lui a d’ailleurs rendu un hommage bien mérité à travers sa série « Hommage », lors de la saison 2017-2018.

Nous avons aussi choisi de primer José Evangelista pour l’authenticité de sa démarche, ancrée dans une vision élargie de la tradition. Effectivement, par la diversité de ses influences compositionnelles – musique hispanique, musique extrême-orientale, musique d’avant-garde occidentale, musique modale – José Evangelista a indéniablement contribué au renouvellement de la musique dite contemporaine. De manière directe ou indirecte, sa voix bien personnelle a été une source d’inspiration pour plusieurs compositeurs et compositrices ayant développé des approches similaires, basées sur le métissage d’influences et de traditions musicales multiples.

Enfin, bien que notre évaluation n’ait pas porté sur l’impact social de l’héritage de José Evangelista, mais bien uniquement sur son œuvre musicale, je voudrais tout de même souligner, en terminant, son immense apport comme pédagogue. Professeur à l’Université de Montréal pendant 30 ans, entre 1979 et 2009, il y a formé plusieurs générations de musiciens et de compositeurs et y a fondé le célèbre Atelier de gamelan balinais.

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