ÉLOGE DU·DE LA LAURÉAT·E ALLOCUTION DU·DE LA LAURÉAT·E JURY PRIX OZIAS-LEDUC 1992 COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Roland Poulin
Lauréat du prix Ozias-Leduc 1992
Né à Saint-Thomas, en Ontario, le 17 avril 1940, Roland Poulin est un montréalais depuis 1944, même s’il habite maintenant à Sainte-Angèle-de-Monnoir. Il est un ancien de l’École des beaux-arts de Montréal, où il a fait ses études de 1964 à 1969. D’abord attiré par la peinture, il se consacre exclusivement à la sculpture depuis les années soixante-dix. Il a enseigné la sculpture à l’École des arts visuels de l’Université Laval, a participé à la fondation de la revue d’art contemporain Parachute et enseigne présentement à l’Université d’Ottawa.
Son œuvre de sculpteur, à la fois rigoureuse, pensée, méditative même, est l’une des mieux situées dans l’art d’aujourd’hui. Ses œuvres d’apparence minimale se révèlent à l’examen toujours plus complexes qu’on l’a d’abord pensé. On pourrait les définir comme autant de stratégies pour impliquer le spectateur dans une démarche physique, comme si l’œuvre était une machine à perception. Au contraire des œuvres américaines qui comptent sur l’effet de choc de la perception globale d’une forme géométrique simple, Roland Poulin entend ne pas lâcher son spectateur aussitôt. Il lui tend un piège. Le retient, voire le conduit de surprise en surprise.
On pourrait illustrer sa démarche par une œuvre de 1978, Quadrature. Le spectateur s’approche. Il voit un carré au sol, évidé au centre. Mais à l’examen, il se rend compte que ce carré comporte sept éléments de béton. « L’œuvre est composée de sept éléments disposés deux par deux et juxtaposés sur trois côtés, dont un des éléments extérieurs présentent une dénivellation, la septième poutre est placée sur le quatrième côté » (Pierre Godmer). Toujours préoccupé d’explorer les rapports du sujet percevant et de l’objet, Poulin travaille aux limites de la sculpture actuelle. Son engagement formel est indéfectible, mais sa sculpture touche souvent des registres émotifs qui révèlent une grande sensibilité pour le matériau, pour le site et pour l’espace ambiant. Comme il le disait lui-même, il y a quelques années déjà : « Notre culture tend à dissocier l’expérience objective de l’expérience subjective, l’intelligence de l’affectivité. Mon travail tend à confondre les deux. »