Catherine Lalonde
Lauréat du prix Émile-Nelligan
Catherine Lalonde,
Corps étranger,
Québec Amérique / la passe du vent
2008
Née à Montréal en 1974, Catherine Lalonde est formée au théâtre et à la
danse contemporaine. Elle publie un premier recueil de poésie, Jeux de brume / vertiges (Le Loup de Gouttière) à 16 ans. Suivent Cassandre (Québec Amérique, 2005) et Corps étranger (Québec Amérique / la passe du vent, 2008). Catherine s’intéresse à la mise en chair et en parole de la poésie, tant via le spoken word, le travail avec les musiciens que dans la mise en scène. Journaliste collaboratrice pour Le Devoir, Le Libraire, Livre d’Ici et Entre les lignes, elle est également entraîneur physique. Elle s’intéresse aussi aux paroles de chansons et fait partie de la cuvée 2009 du Festival de Petite-Vallée.
Commentaire du jury, par Élise Turcotte, présidente.
C’est un recueil débridé, excessif qui soumet la sauvagerie de l’Éros à l’expérience déstabilisante de l’étranger que nous livre ici Catherine Lalonde. Sa poésie inventive, parfois drôle, parfois obscène, élève le prosaïsme et l’impudique jusqu’à une forme renouvelée du sacré en confrontant la passion de l’étranger à une mémoire ancestrale, un héritage culturel pourtant sans cesse questionné et revisité. Le déploiement des motifs, le rythme travaillé avec une maîtrise étonnante permet au choc des langages de faire image et de nous happer. Nous nous retrouvons alors sur la scène de l’hyperréalisme contemporain, devant une immense aspiration à une expérience des limites. Nous ne pouvons dès lors qu’être secoués par ce grand rituel où une femme met à l’épreuve son identité, sa vie amoureuse et poétique.
Finaliste du prix Émile Nelligan
Marc-Antoine K. Phaneuf,
Téléthons de la Grande Surface (inventaire catégorique),
Le Quartanier
2008
François Turcot,
Derrière les forêts,
La Peuplade
2008
Né en 1980, Marc-Antoine K. Phaneuf vit et travaille à Montréal. Il partage son temps entre l’art actuel, la littérature, la performance et la musique électroacoustique. En arts visuels, son travail a été présenté dans divers centres d’artistes et galeries du Québec, dont récemment au Centre d’art Clark (Les petites annonces – Objets poétiques et design vernaculaire, 2009) et à la Galerie Leonard & Bina Ellen de l’Université Concordia (Faux cadavre, 2009). Il a publié deux livres de poésie aux éditions Le Quartanier : Fashionably Tales, une épopée des plus brillants exploits en 2007 et Téléthons de la Grande Surface (inventaire catégorique) en 2008.
Commentaire du jury par Élise Turcotte, présidente
Marc-Antoine K. Phaneuf nous convie avec Téléthons de la Grande Surface à un inventaire total : le catalogue frénétique de l’existence, aujourd’hui, composé de longues séquences énumératives aussi jubilatoires que terrifiantes. La culture populaire, le paysage politique, les noms de vedettes, le monde de la consommation, des objets, des produits, toutes les catégories du réel sont convoquées en une sorte d’hymne comique et affolant au monde actuel. Ce feu d’artifice du non-sens évoque pourtant une sorte de mémoire du présent, un archivage de la civilisation cherchant à conjurer le deuil de toute histoire et le sentiment d’une mort imminente. Ainsi ce recueil délirant prend aussi des allures d’observatoire du contemporain.
François Turcot a publié miniatures en pays perdu (2006) ainsi que Derrière les forêts (2008) aux Éditions La Peuplade. Il collabore à divers projets d’écriture, s’est intéressé à l’hybridité de l’œuvre de W. G. Sebald dans le cadre d’une maîtrise en études littéraires à l’UQAM et publie parfois en revues (Riveneuve Continents, Aufgabe, filling Station, Nor, C’est selon). Il termine actuellement un troisième livre de poésie qui questionne l’architecture, la mémoire des lieux et la photographie. Il vit à Montréal et enseigne la littérature.
Commentaire du jury par Élise Turcotte, présidente
Il y a dans le recueil de François Turcot une telle rigueur et une telle cohérence que nous sommes entraînés presque physiquement, à la lecture, dans le mouvement des fougères, des lignes brisées formées par les arbres, des sentiers serpentant à travers la solitude. La promenade en forêt y devient une véritable éthique de l’attention et de l’écoute. Ce recueil affirme une quête de sens tenace, déterminée, à même une tension narrative et dramatique creusée par la peur de l’effacement, la lutte contre l’oubli. Hantée par un dehors qui oppose à la conscience le défi de son silence et de son mystère, le parcours recueille des signes, des traces qui reconduisent à l’intériorité et à l’invisible. Derrière les forêts se profile le désir de s’habiter soi-même, là où les mots se dérobent, au bord de la disparition.
JURY 2008 COMMUNIQUÉ DE PRESSE