ÉLOGE DU·DE LA LAURÉAT·E ALLOCUTION DU·DE LA LAURÉAT·E JURY PRIX OZIAS-LEDUC 1995 COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Jana Sterbak
Lauréate du prix Ozias-Leduc 1995
Née à Prague en 1955, Jana Sterbak émigre au Canada avec ses parents en 1968. C’est à Vancouver, où ses parents se sont établis, qu’elle entreprend ses études. En 1973, encouragée par son professeur de français, elle demande et obtient une bourse pour un cours d’immersion française à l’Université de Montréal. Elle y rencontre René Payant et France Gascon, alors moniteurs de cours. Lors de ce séjour, elle découvre Montréal. Le côté européen et catholique de la Ville lui rappelle son pays d’origine. Montréal lui devient irrésistible. C’est aussi au cours de ce séjour qu’elle découvre la vitalité de la scène artistique montréalaise qui se manifeste, à ce moment, par l’activité des groupes d’artistes, de cinéastes et d’écrivains gravitant autour de la galerie Véhicule et par le programme de galeries privées comme celle de Gilles Gheerbrant. C’est également à cette époque qu’elle découvre l’œuvre d’artistes tels Yves Gaucher (parmi tous ses professeurs, celui qui l’a le plus influencée), Guido Molinari et Charles Gagnon. En 1977, elle obtient un baccalauréat en beaux-arts de l’Université Concordia. Après des études universitaires, elle travaille à la galerie Optica. Cette expérience lui permet de poursuivre sa réflexion sur l’art grâce au contact des œuvres d’artistes utilisant la photographie, dont Suzy Lake, Lynne Cohen et Pierre Boogaerts. Dans la même foulée, elle développe des rapports soutenus avec l’équipe de la revue Parachute à laquelle elle collabore à quelques reprises. Les artistes étrangers invités à Montréal lors des grands événements internationaux d’Art Performance et de Nouvelle Danse organisés par Chantal Pontbriand ont aussi beaucoup influencé sa pensée.
Après avoir abandonné ses études de maîtrise en histoire de l’art à l’université de Toronto, elle passe quelques années à New York. Au milieu des années quatre-vingt, elle revient à Montréal où elle expose à la galerie René Blouin qui vient d’ouvrir. Elle enseigne brièvement à l’Université Concordia. La première exposition muséologique à laquelle elle participe se tient au Musée d’art contemporain de Montréal en 1982. Depuis, son travail a été exposé dans plusieurs pays en Amérique, en Europe et en Asie.
L’art de Jana Sterbak oscille constamment entre l’ironie et l’obstruction, entre l’absurde et la tragédie. Faisant appel à un très vaste registre de matériaux, du verre au bronze en passant par la photographie, le film, le moulage en chocolat et les cheveux humains, l’artiste élabore des sculptures et des installations où s’entrecroisent références littéraires, contes populaires, mythes médiévaux. Dans son œuvre, ces formes mythiques sont réinventées à la lumière de la vie contemporaine. Bien que l’on ait souvent décrit son travail en relation au corps, cette œuvre ne peut être réduite à un simple constat sur la machine humaine. Sa lecture nous entraîne sur une multitude de pistes qui gravitent autour d’une réflexion impitoyable sur les limites de la condition humaine.